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Il y a 60 ans, la Guinée lançait les indépendances des colonies françaises
C’était il y a 60 ans. Le 28 septembre 1958, la Guinée disait “Non” au général de Gaulle et à la France. Non à la création de la Communauté française proposée par la France à ses colonies. Une réponse synonyme d’indépendance, qui arrivera quatre jours plus tard, le 2 octobre. La toute première parmi les colonies françaises d’Afrique noire.
“Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage”, lance à l’époque Sékou Touré, qui sera le premier président de la République de Guinée. “Hier, Dieu merci, nous nous sommes victorieusement défendus. Demain, nous nous défendrons encore”, déclare encore celui qui restera une personnalité aimée par les uns et détestée par les autres.
Des opposants enfermés
Le parcours de ce personnage controversé qui conduit la Guinée vers son indépendance, deux ans plus tôt que les autres pays d’Afrique noire francophone, est aussi indissociable des crimes politiques et économiques commis par son régime. Les opposants guinéens de l’époque, supposés proches de la France, sont enfermés.
C’est le cas par exemple au camp Boiro, ou Lamina Camara et d’autres étaient enfermés dans des conditions effroyables. “Autour de 1975, nous avons eu une période de famine dans les prisons. Il y a des rats qui se sont aventurés dans nos cellules. Nous avons cherché à attraper les rats pour nous nourrir”, raconte-il.
Le “Non” de la Guinée au général de Gaulle a eu aussi pour conséquence le recrutement par Paris de mercenaires et d’opposants guinéens prêts à couler le régime de Conakry. “On voulait détruire le régime guinéen parce que la Guinée était le tremplin des nationalistes en lutte pour l’indépendance de leurs pays”, racontera Sékou Touré.
La France toujours présente
Aujourd’hui, 60 ans après l’indépendance de la Guinée, le pays est retourné dans le giron français. L’actuel président guinéen, Alpha Condé, a fait toutes ses études à Paris. Ses meilleurs amis s’appellent Bernard Kouchner, ancien ministre français ou encore François Hollande, ancien président français. Le port de Conakry est aussi géré par le groupe français Bolloré. Une situation qui fâche les jeunes de Guinée, comme nous le confiait le jeune rappeur guinéen, Masta X. “On va essayer de détruire cette équipe pour n’avoir rien fait”, dit-il. “On va réveiller les consciences endormies. On va véhiculer un message de paix, de non-violence.”
“Rien de plus cher pour un peuple que son indépendance, sa souveraineté, sa dignité…”, disait à l’époque Sékou Touré.